Henley Royal Regatta 2014
- Détails
- samedi 8 novembre 2014 08:23
C'est je crois la victoire la plus surprenante et la plus atypique de ma carrière sportive. Si mardi dernier vous m'aviez dit "dimanche, tu vas gagner le deux sans barreur aux Régates Royales d'Henley", je vous aurais certainement regardé avec des grands yeux et j'aurais ri !
Henley Royal Regatta 2014-2-450pixEt pourtant...Mardi 1er Juillet, 21h17, Mitchel Steenman, rameur du 2 sans barreur néerlandais et accessoirement le frère de ma fiancée, m'appelle en me posant une question assez simple : "Is there a reason why you are not going to Henley ?". Pourquoi est ce que je ne vais pas à Henley? Bonne question! Parce que je souhaitais me focaliser sur Lucerne la semaine d'après. Parce que ce n'est pas au calendrier de l'équipe du Canada. Parce que l'enchaînement Championnat de France, Etape de Coupe du Monde n°2 (Aiguebelette), Etape de Coupe du Monde n°3 (Lucerne), le tout en 5 semaines, est déjà assez dur physiquement, psychologiquement. Parce qu'actuellement, j'ai aussi beaucoup de détails pratiques à gérer avant mon départ pour Victoria en Septembre. Bref...des raisons de ne pas y aller, il y en avait plein. Ma réponse fut simplement une question : "Pourquoi?". Il me répond que son coéquipier avec lequel il est vice champion d'Europe cette saison et médaillé de bronze l'an passé aux championnats du monde est malade et il ne peut courir à ces mythiques régates du monde de l'aviron et du paysage du sport
Anglais. Il a pensé à moi. Il préfère tenter le coup et essayer plutôt que de faire forfait. Au même moment, je regarde les vols sur internet. Je ne peux quitter le travail avant 17h le jeudi 3 juillet. La 1ère course est vendredi 4 juillet. On a jamais ramé ensemble. Les règles de la régates m'autorisent à remplacer dans le bateau (il n'y a pas de règles concernant la nationalité seulement une règle imposant un changement maximal de 50% de l'équipage en cas de problème médical). Bref...l'opportunité est énorme. Le mercredi 2 juillet, les billets d'avion sont réservés. Le jeudi soir à 18h30, me voici sur le vol British Airways Toulouse/Londres Heathrow. Le décalage horaire joue en notre faveur car en atterrissant 2h plus tard à 19h15 heure locale, nous avons pu tout simplement être à 20h15 sur la Tamise à donner nos 1ers coups de rame. Nous sommes sortis avec le sourire jusqu'aux oreilles. "Ce n'est pas parfait mais ça va le faire!"
Une petite sortie entre midi et 2 le vendredi nous a permis de faire 1 départ ou 2, de changer quelques détails au niveau réglages et nous voilà l'après midi alignés au départ avec des arbitres et des spectateurs aussi étonnés que contents de me voir au 2 de ce 2 sans barreur atypique. Nous tombions contre un jeune équipage de l'université de Cambridge. Motivés et sans complexe, ils nous ont mené la vie dure sur le départ, qui il faut le dire, était loin d'être notre point fort. Nous remportons finalement la course aisément. Nous ne pouvions que progresser. Nous avons pris les courses les unes après les autres.En demi finale le samedi après midi, c'était soit le 2 sans barreur Anglais, soit nous, dans ces courses à élimination directe (format Grand Chelem de tennis). Nous faisons une bonne course au train avec une base solide. Quelques fautes mais qui ne nous pénalisent pas tant que ça et nous voici en finale des Régates Royales d'Henley. Si on m'avait dit cela mardi !
Seulement, en finale, il s'agit des Sud Africains. 8èmes l'an passé aux mondiaux. Les chronos sont largement en leur faveur sur le WE. Un autre morceau auquel s'attaquer. Nous savions que le départ ne serait pas notre force. La consigne : "pas plus d'une longueur de bateau d'écart". Sortis du start, c'est derrière et avec une longueur pleine que nous commençons le parcours. Un travail de coup par coup, à la relance, sans rien leur laisser de plus. Nous les avons mis sous pression à un train de course à plus de 38 coups/minute. Puis passer la mi-parcours, nous avons commencé à reprendre du terrain. Quelle sensation énorme devant les tribunes de passer coup après coup et de sentir que l'on s'empare de la victoire.
Je crie un grand "Enjoy man" qui nous relance de plus belle. C'est en profitant des derniers coups de rame que nous franchissons la ligne et que je lève les bras en l'air. Sans pression, juste à l'envie et avec simplicité. Course après course. Quelle challenge et quelle belle histoire à raconter aux repas de famille dans 10 ou 20 ans.
Ma 3ème victoire à Henley en 4 participations, dans 3 bateaux différents, en couple (2 avirons/rameur) et en pointe (1 aviron/rameur).- 2006 : Quatre de couple
- 2010 : Deux de couple
- 2014 : Deux de pointe
Une seule envie... revenir l'an prochain.
A présent, retour au planning initial. Direction Lucerne ce lundi 7 Juillet avec une pause de 2 jours à Aiguebelette pour s'entraîner, se reposer un peu et couper la route en deux.
Objectif de cette finale de coupe du monde : mettre à profit les bons parcours récents et l'expérience accumulée pour pouvoir commencer à jouer un peu avec les "gros". Le plateau est énorme. 31 partants et pas un manquant !