Oui, je suis humain!
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- dimanche 25 septembre 2016 20:37

En ce vendredi 23 septembre 2016, alors que j’étais en train de couper du pain pour aller avec mon Foie Gras et que je dégustais aux côtés de mes amis toulousains un petit vin blanc tout à fait approprié, mon portable s’est soudainement mis en action. En tant que sportif, la chose la plus redoutée est de voir apparaître les messages de l’Agence Mondiale Antidopage (AMA). Bien qu’en vacances en France depuis les Jeux de Rio, je suis malgré tout soumis à la localisation quotidienne.
En gros, je dois fournir chaque jour mon agenda et donner un créneau horaire d’une heure où je m’engage à être présent pour me soumettre à un contrôle inopiné. Je ne le cache pas, c’est un boulet au pied. Je vadrouille en France, voyageant d’une maison à l’autre sans réel programme. Mais tous les jours, je me plie à la règle et je donne ma localisation pour que chaque matin il soit possible de me trouver au saut du lit pour un contrôle antidopage. A tous les gens qui ne sont pas sportifs de haut niveau, imaginez vos prochaines vacances de cette façon. Mais c’est le jeu. Je n’ai rien à me reprocher et si cela me donne la possibilité de courir contre des adversaires propres, j’en accepte les règles.
Imaginez donc pas ma surprise et mon stress lorsque plusieurs emails provenant des organisations antidopage sont apparus sur mon téléphone. AMA, CCES puis twitter et facebook qui se mettent en branle. Ma première réaction a été de penser à un manquement de ma part. Une erreur de localisation dans cette transhumance européenne qu’est la mienne. En ouvrant les différents courriers, c’est une toute autre histoire qui se dessine. Il apparaît que mes données médicales, si bien gardées sur Internet par l’Agence Mondiale Antidopage, ont été hackées et publiées sur Internet. Les « Fancy Bears », groupe de hackers russes, semblent semble se lancer dans une croisade pour redorer peut-être le blason sportif national. Mais je pense qu’il faudra leur expliquer quelques détails qu’ils ont peut-être occultés. Oui, j’ai utilisé de la dexamethasone et de l’hydromorphone. Ces produits sont considérés comme dopants et je ne suis pas sensé en faire l’utilisation en pratique. Mais il y a un « mais ». Les AUT (Autorisation à Usage Thérapeutique) permettent justement à un athlète de faire de façon exceptionnelle l’utilisation d’une substance non autorisée. Et oui, même un athlète est humain et il peut souffrir de pathologies nécessitant une utilisation exceptionnelle. Je ne vais pas disserter sur l’utilisation à juste titre ou non des AUT parmi les sportifs. Dans mon cas, et comme beaucoup le savent déjà, j’ai subi une opération chirurgicale au dos en février 2015 et je n’ai pu couper ni à l’anesthésie, ni aux antidouleurs après l’intervention. On m’a prescrit 15 jours d’hydromorphone que je n’ai finalement utilisée que 4 jours car je n’en aimais pas les effets secondaires. Bref, oui j’ai utilisé des produits dopants au vu de la liste officielle mais dans un cadre légal que confère l’AUT et dans lequel mon docteur a déclaré les raisons, la durée et le type de médicaments utilisés. Et sincèrement, vu mon état du moment, je n’étais pas prêt de monter sur l’eau pour courir.
Donc, messieurs les « Fancy Bears » merci d’avoir montrer au monde que j’ai fait les choses dans les règles, de façon honnête et que j’ai l’utopie de croire qu’on peut encore faire les choses proprement.
Rien d’autre à ajouter. Je retourne à mon Foie Gras et à mon vin blanc.
« L’aventure continue... »
PS: Pour plus d'informations officielles sur le sujet, voici le communiqué du CCES et les règles de l'AMA concernant les AUT